Pompes Funèbres

Ne confondez pas le mental et le psychique. Le mental est consciemment réfléchi, tandis que le psychique est une sorte de boîte de Pandore d’où émergent des pensées ou des ressentis parfois étonnants, rarement maîtrisés, et néanmoins très proches de notre nature profonde. Nous évoluons dans un monde où l’imaginaire et le sentimental se marient avec une puissance incroyablement forte, capable de nous porter ou de nous terrasser en période de deuil, d’autant plus en circonstances exceptionnelles comme ces jours-ci.
Il est intéressant d’identifier ce qui se passe progressivement en nous :
Premier réflexe : se demander si la personnalité du défunt survit à la mort physique. La question est de savoir si le défunt perçoit encore ceux qui restent autour de lui, leurs sentiments, leurs actes, etc.

Deuxième réflexe : le conflit entre l’acceptation de se séparer physiquement du défunt et le désir intense de le garder aussi près que possible de soi. La séparation se manifeste par une sensation de froid souvent ressentie par les proches pendant l’enterrement, et le besoin de chaleur pour compenser ensuite la privation du contact physique avec le défunt.
Troisième réflexe : retrouver une forme de proximité avec le défunt malgré la séparation physique afin de recréer une nouvelle relation avec lui. Les funérailles offrent aux familles l’occasion de vivre tous ces niveaux d’expérience du deuil.

C’est pourquoi les professionnels des services funéraires ne peuvent absolument pas permettre que les familles soient laissées seules face à l’épreuve qu’elles traversent. Pour clarifier davantage, les spécialistes se réfèrent souvent à un cycle psychologique du deuil identifiant des périodes successives.

• la stupéfaction incrédule accompagnant l’annonce du décès,
• la sidération,
• la révolte,
• l’abattement,
• la résignation.

L’erreur serait de croire que tout un chacun vit ces cinq étapes au même rythme. En fait chacun réagit à sa manière à propos de cette succession de comportements. Si ce cycle est intéressant à connaître, c’est parce qu’il nous permet d’identifier ce qui se passe en nous et le pourquoi du comportement d’autrui. La révolte notamment se traduit parfois par des comportements violents qui peuvent être démesurés et inattendus, que ce soit au niveau des mots ou des gestes, attitudes etc. Il existe aussi des réflexes compensatoires (boire de l’alcool, etc.) ou d’évitement, de déni de la réalité. Ces attitudes doivent être comprises plutôt que condamnées et pour le moins, être tempérées par l’entourage familial.
Enfin, notons une particularité de notre époque :

• Nous avons perdu l’habitude d’exprimer totalement nos sentiments en public, préférant les vivre en privé. Cela résulte souvent du personnage que l’on souhaite présenter aux autres et témoigne surtout d’une peur de « se lâcher ». Il est parfois plus facile de pleurer devant une séquence émotionnelle au cinéma que dans la réalité, car dans ce dernier cas, nous craignons de ne plus maîtriser les effets de l’émotion en nous.
Le deuil offre une opportunité propice pour renouer avec ses fondements personnels.

L’annonce d’un décès a souvent un impact sidérant, entraînant des réactions extrêmes dans le comportement. Certains deviendront plus loquaces que d’habitude, tandis que d’autres seront plus silencieux. En réalité, votre être intérieur cherche à se protéger, car la perte d’un être cher génère toujours une angoisse plus ou moins consciente.

C’est à ce stade que les rituels funéraires interviennent de manière pertinente, car ils vous incitent à avancer dans votre processus de deuil. L’essentiel est de partager en toute confiance votre expérience immédiate, vos souvenirs et vos émotions du moment. La période précédant les funérailles est propice à cela, entre proches, que ce soit lors de la rédaction d’un avis de décès, des appels téléphoniques, des discussions informelles dans la cuisine, des démarches à effectuer ensemble, etc.